Hölderlin
Publié le 26 Juin 2018
En 1804, le poète allemand Hölderlin publie deux traductions des pièces de Sophocle, Œdipe et Antigone. Deux traductions déconcertantes, arides et rudes comme un désert de pierres. "A la limite extrême du déchirement, il ne reste ... plus rien que les conditions du temps et de l'espace ", écrit-il dans ses "Remarques sur les traductions de Sophocle". Dans les cercles littéraires, c’est l’incompréhension. On lit des extraits et on se moque. Lors d’une soirée chez Goethe, Schiller rit aux larmes. « Cet Hölderlin est-il fou ou fait-il semblant ? », s'écrie-t-il. Deux ans plus tard, en septembre 1806, Hölderlin est interné à Tübingen dans la clinique du docteur Autenrieth.
Le docteur Autenrieth est un médecin qui se pique de psychiatrie. Sa clinique est d’abord une maternité. Une chambre est équipée pour recevoir les malades mentaux. Autenrieth a inventé un appareil pour les soigner . C’est un masque en cuir rigide avec deux trous pour les yeux, un pour la bouche. Le malade est bâillonné, les mains sont attachées dans le dos. On retire le masque quand le malade s'est calmé.
En sus du masque, on administre des calmants qui sont de véritables poisons, belladone, digitale, mercure combiné à l’opium, poudre de cantharide (un coléoptère de couleur verte). Après six mois d’un tel traitement, le poète est brisé. On lui donne trois ans à vivre. Il vivra encore presque trente ans. Hölderlin avait le cœur solide.
La pièce est la confrontation imaginaire entre le poète cherchant désespérément à sauver sa poésie - c’est-à-dire ce qui , en lui, bouillonne encore d’intelligence et de souffrance - et le médecin qui prétend lui rendre la raison comme le lui a demandé sa mère (elle paie la clinique avec l'argent de son fils et obtient une pension du roi du Wurtemberg, elle ne reverra jamais Friedrich).
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